La lutte contre les fake news, une grande cause mondiale ?
Dans sa dernière édition d'octobre 2024, le Future Risk Report d'AXA classe la désinformation et la mésinformation parmi les grands risques émergents dans les cinq à dix ans dans le monde1 .
Dans sa dernière édition d'octobre 2024, le Future Risk Report d'AXA classe la désinformation et la mésinformation parmi les grands risques émergents dans les cinq à dix ans dans le monde1 .
Un constat frappant : 78% des individus pensent savoir repérer des fausses informations, mais seulement 40% estiment que la population générale en est capable. Cette perception suggère une confiance potentiellement illusoire en nos capacités de discernement. En France, une étude IPSOS enfonce le clou avec un résultat encore plus troublant : 66% des personnes interrogées continuent d'adhérer à au moins l'une des fake news qui leur sont présentées, et ce, même après avoir été exposées à des contenus factuels contradictoires.
À l’heure où l’accès à l’information semble plus que jamais fragmenté et sans limites, la véracité de cette information devient paradoxalement plus insaisissable, et la défiance envers les médias ne cesse de croître. Selon l'Arcom, 48% des Français doutent systématiquement ou fréquemment de la fiabilité des informations diffusées. Et pourtant, il n’y a pas de corrélation entre niveau de confiance et de consultation : les réseaux sociaux, consultés par 66% du public, ne récoltent que 11% de confiance élevée. À l'inverse, seuls 18% consultent la presse écrite, alors qu’ils sont 44% à lui accorder une forte confiance, selon une étude CSA.
Des impacts démocratiques profonds
Les conséquences de cette situation dépassent le cadre individuel et atteignent le cœur des démocraties. Les exemples ne manquent pas : lors des élections roumaines, une désinformation massive sur TikTok et Facebook en faveur du candidat Calin Georgescu a entraîné l'annulation du premier tour de l'élection présidentielle. Aux États-Unis, les dix fake news les plus virales ont généré plus de 22 millions d'échanges et 50 millions de « likes » selon Cision.
Elles représentent un défi global dans des domaines sensibles comme comme le réchauffement climatique ou encore la santé publique, où les théories complotistes sapent les efforts de prévention et de vaccination, et où l’expertise scientifique est en permanence mise en doute.
Les fake news et leur propagation posent également des questions en matière de liberté d’expression : certains pays ont déjà adopté des restrictions d’accès à Internet ou envisagent des interdictions ciblées sur des plateformes, comme le Digital Service Act adopté par l’Union Européenne. En Australie, un projet de Loi du même ordre s’est toutefois heurté à la résistance de tenants de la liberté d’expression et a été retiré. Il ne s’agit pas ici de débattre de ces mesures, mais de constater à quel point l’équilibre entre la liberté d’expression et la sécurité de l’information devient complexe.
Quelles solutions Innovantes ?
Face à ce phénomène, quelles solutions envisager ? Premièrement, l'éducation aux médias constitue une priorité. Le CLEMI (Ministère de l'Éducation nationale) mène de nombreuses actions de formation, dont la Semaine de la presse à l'école, tandis que l'Arcom propose du matériel pédagogique en collaboration avec l'INA. Dans les quartiers, l'association Respect, avec son programme « Jeunes reporters », obtient des résultats encourageants : après la formation, 56% des participants confirment une meilleure compréhension des risques liés à la désinformation. Les journalistes et les médias se mobilisent : en France, l’APEM sensibilise les stagiaires de 3e et de 2nde à travers un parcours pédagogique sur la presse. En Suisse, la RTS forme 6 000 élèves dans ses ateliers scolaires, a lancé un jeu collaboratif et une émission mensuelle d’enquête destinée aux jeunes, diffusée sur Play RTS et YouTube.
Source de multiplication des fake news, l'intelligence artificielle pourrait aussi participer à les combattre : 82% des spécialistes considèrent qu'elle peut détecter les contenus fallacieux via des systèmes automatisés, selon AXA. Des start-up, comme Buster.ai ou TrueMedia, permettent déjà d'automatiser le fact-checking ou de détecter les contenus produits par l’IA.
Soutenir un journalisme de qualité est enfin essentiel. Par leurs soutiens de mécénat, investissements publicitaires et leurs achats de contenus, les grandes marques peuvent soutenir le journalisme et les médias de qualité afin de préserver les conditions d’un débat public libre et éclairé. En septembre dernier, les États Généraux de l'Information ont préconisé une charte tripartite entre médias, annonceurs et agences pour encourager les investissements dans des médias fiables, lesquels deviendraient des entreprises à mission.
Ulrike Decoene, directrice de la Communication d’AXA, évoquera ce sujet de Responsabilité Démocratique des Annonceurs lors d’un débat dans le cadre de Médias en Seine le 14 janvier 2025, en compagnie de Corinne Mrejen (SRI), Benjamin Perret (EDF) et Gautier Picquet (Publicis Médias).
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1 Le Future Risks Report s'appuie sur l'expertise de 3 000 spécialistes issus de 50 pays et sur une enquête auprès de 20 000 personnes dans 15 pays. Il s’agit de la 11e édition
1 Le Future Risks Report s'appuie sur l'expertise de 3 000 spécialistes issus de 50 pays et sur une enquête auprès de 20 000 personnes dans 15 pays. Il s’agit de la 11e édition
Publié le 18/12/2024